L’activité entrepreneuriale demeure soutenue, avec un total de 1,05 million de nouvelles entreprises enregistrées en 2023, selon les données de l’Insee. Ce nombre aurait pu être plus élevé sans les perturbations causées par les défaillances du système informatique d’enregistrement. Notablement, les micro-entrepreneurs contribuent de manière significative à cette dynamique, représentant plus de 60% des créations d’entreprises.
Il est encourageant de constater la persistance de l’appétence pour l’entrepreneuriat en France malgré la dégradation de la conjoncture économique. Les chiffres de l’Insee indiquent une tendance positive, avec plus d’un million de nouvelles entreprises créées en 2023, marquant ainsi la troisième année consécutive au-dessus de ce seuil.
Selon une analyse de France Stratégie publiée en novembre 2023, les Français affichent une « surperformance » en matière de créations d’entreprises par rapport aux autres pays de la zone euro. Cette dynamique entrepreneuriale semble être une caractéristique particulière de la France, comme l’a souligné Christel Gilles, l’économiste à l’origine de cette analyse.
La croissance du nombre annuel de créations d’entreprises, multiplié par plus de quatre en vingt ans, témoigne d’un changement de perception de l’entrepreneuriat en France. L’introduction du régime d’autoentrepreneur en 2009, devenu par la suite le régime micro-entrepreneur, a joué un rôle significatif dans cette augmentation. Ce régime offre une opportunité aux jeunes de tester leurs idées et compétences entrepreneuriales, avant d’évoluer éventuellement vers une entreprise individuelle ou une société.
Cette dynamique positive dans le secteur de l’entrepreneuriat en France suggère une adaptation réussie aux évolutions économiques et sociales, ainsi qu’une volonté persistante d’innover et de créer.
Une baisse à relativiser
En 2023, les micro-entrepreneurs dominent les créations d’entreprises, représentant plus de 60,9% du total, avec une augmentation de 3,1% par rapport à l’année précédente. Les entreprises individuelles classiques connaissent une baisse de 6,2%, représentant désormais seulement 11,5% du total. Les sociétés, quant à elles, affichent une part de 27,6% avec une baisse significative de 7,9%, indiquant un possible essoufflement dans ce secteur.
Cette tendance suggère que la création sous forme sociétaire, notamment à travers les SARL et les SAS, est souvent associée à des projets entrepreneuriaux plus ambitieux. Cependant, à long terme, le nombre de nouvelles sociétés créées a connu une forte croissance depuis l’an 2000. Christel Gilles de France Stratégie souligne que ce nombre a triplé, passant de 90 000 en 2000 à 290 000 en 2022. Cette progression est confirmée par l’étude annuelle du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (CNGTC), bien que les chiffres de 2023 auraient pu être encore plus élevés selon cette source, basée sur un périmètre d’étude différent.
« Il manque un accompagnement des entrepreneurs sur le long terme »
Sophie Jalabert, déléguée générale BGE Réseau
La création dans le domaine industriel progresse
Le dynamisme entrepreneurial demeure à un niveau élevé, malgré un contexte économique tendu. Certains secteurs économiques subissent toutefois davantage de pression que d’autres. En 2023, le secteur immobilier enregistre une baisse significative avec une diminution de 12 % des créations d’entreprises. En revanche, l’industrie affiche une croissance de 5,2 % au cours des douze derniers mois. Christel Gilles souligne un retournement notable dans la création d’entreprises industrielles, une tendance qui se démarque en Europe et qui, selon elle, est favorisée par les politiques publiques.
Le soutien public à la création d’entreprises reste constant, avec des initiatives telles que Bpifrance annonçant son intention de doubler le nombre d’entrepreneurs accompagnés. Actuellement, environ 200 000 entrepreneurs bénéficient de cet accompagnement chaque année par le biais d’associations et de réseaux tels que l’Adie, Initiative France, Moovjee, BGE, etc. Bpifrance prévoit de doubler ce nombre au cours des cinq prochaines années. Cependant, des préoccupations émergent quant à la création de valeur derrière ces entreprises, en particulier pour les travailleurs indépendants. Sophie Jalabert, déléguée générale de BGE, souligne le risque de paupérisation pour ceux qui s’immatriculent dans des secteurs saturés ou peu rémunérateurs, tels que le bien-être.
Les chiffres de l’Urssaf révèlent un revenu moyen annuel de 7 449 euros pour les micro-entrepreneurs, mais plus de la moitié d’entre eux gagnent moins de 4 000 euros par an. La représentante de BGE tire la sonnette d’alarme en soulignant l’impossibilité de vivre avec un chiffre d’affaires mensuel de 500 euros. Près de 30 % des micro-entrepreneurs conservent une activité salariale, soulignant le besoin d’un accompagnement à long terme.
Pour Sophie Jalabert, il manque un accompagnement sur le long terme. « En France, on a tendance à se focaliser sur l’aide à la création et à laisser l’entrepreneur se débrouiller après. Or, c’est là où ils se rendent compte de leur fragilité et qu’il faudrait les aider. »